Répertoire d’orgue pour le temps de Noël

Le temps de Noël est très court et le répertoire surabondant. En plus du répertoire habituel des autres temps liturgiques (issus des chorals ou du chant grégorien), il n’est pas possible de ne pas faire une place substantielle aux Noëls du répertoire populaire.

Noëls

De nombreux compositeurs français des XVIIème et XVIIIème siècle ont abordé le répertoire des Noëls. Trois d’entre eux méritent une attention particulière :
• Nicolas LEBEGUE (dans son 3ème livre)
• Louis-Claude DAQUIN
• Michel CORRETTE

Bien d’autres peuvent encore être cités : Pierre DANDRIEU, Jean-Nicolas GEOFFROY, Nicolas GIGAULT, André RAISON… et Claude-Bénigne BALBASTRE dont l’écriture est cependant un peu rudimentaire.

Si l’on franchit le milieu du XVIIIème siècle, l’on doit citer :
• Jean-Jacques BEAUVARLET-CHARPENTIER dont l’écriture post-classique donne à ces Noëls un charme particulier
• Alexandre-Pierre-François BOËLY, musicien exceptionnel qui a d’une part exploité la veine des Noëls populaires (au travers d’une très intéressante « messe du jour de Noël »), d’autre part écrit un recueil de 14 « Cantiques de Denizot » d’une qualité remarquable.

A la toute fin du XIXème siècle, il est intéressant d’explorer l’oeuvre d’Alexandre GUILMANT qui comporte un certain nombre de Noëls.

Au XXème siècle :
• André FLEURY : recueil de 5 Noëls pour orgue sans pédale
• Jean LANGLAIS : Noël avec variations (dans les 24 pièces pour orgue ou harmonium).
Jean Langlais a écrit d’autres pièces  qui sortent du cadre des Noëls populaires : « la Nativité » (dans les Poèmes Evangéliques), « Chant des bergers » et « Prière des mages ».
Ne pas citer le cycle de la « Nativité » d’Olivier MESSIAEN serait une faute de goût, mais cette musique nécessite un investissement de travail particulièrement conséquent.

Au répertoire de Noëls peut se rattacher aussi celui des « pastorales » : bien sûr, celle de J-S.BACH, mais bien d’autres encore, dont celle de ZIPOLI.

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Le répertoire issu du chant grégorien

Le second livre d’orgue de Guillaume NIVERS est une source très commode de pièces courtes prévues pour alterner avec les hymnes. Pour le temps de Noël, on y trouve : l’hymne de la Nativité à vêpres (Christe redemptor omnium) et à Laudes (A solis ortus cardine), ainsi que celui de la fête des Rois (Hostis herodes impie).
Une hymne de Jehan TITELOUZE suivants se rapporte au temps de Noël : A solis ortus (Laudes de Noël)

Dans la musique du XXème siècle, on trouve par exemple :
➢ Jeanne DEMESSIEUX (dans les « 12 préludes de choral »): Adeste Fideles
➢ Marcel DUPRE (dans le « Tombeau de Titelouze ») : Jesu redemptor omnium (vêpres de Noël) et A solis ortus cardine (Laudes)
➢ André FLEURY : recueil de 5 Noëls pour orgue sans pédale
➢ Jean LANGLAIS : Noël avec variations (dans les 24 pièces pour orgue ou harmonium), ainsi qu’un « Chant des Bergers » et une « Prière des Mages »
➢ Charles TOURNEMIRE : offices de l’Orgue Mystique (en particulier Noël et Epiphanie)

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Chorals

Il existe plusieurs chorals luthériens se rapportant au temps de Noël :

➢ Vom Himmel hoch, da komm ich her
➢ Gelobet seist du
➢ In dulci jubilo
➢ Vom Himmel kam der Engel Schar
➢ Puer natus in Bethleem
➢ Der Tag der ist so freudenreich
➢ Wie schon leuchtet der Morgenstern (isu de l’hymne « A solis ortus cardine“)
➢ Christum wir sollen loben schon

En outre, 2 chorals concernent le Nouvel An :
➢ Das alte Jahr vergangen ist
➢ Helft mir Gottes Güte preisen

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La revue Préludes de l’ANFOL comporte un nombre important de pièces destinées au temps de Noël (généralement dans les numéros publiés en octobre de chaque année).
(site internet de l’ANFOL : https://anfol.org/)

Musique française des XVIIème et XVIIIème siècles : une musique pour tous les temps

Pour les temps « ordinaires », il est très commode de piocher dans le répertoire des pièces d’orgue de l’époque baroque, hormis bien sûr les Hymnes qui sont prescrites pour un temps bien précis.

Une fois surmontées les difficultés d’interprétation d’une musique dont on sous-estime souvent la difficulté, il est recommandable de la mettre en oeuvre en liturgie car elle y trouve facilement sa place.

Généralement, les livres d’orgue de cette époque contiennent :

– soit des messes, prévues pour alterner avec le plain-chant ;

– soit des suites ou des séries de versets, classées selon les 8 tons d’église (transpositions à l’orgue des 8 modes grégoriens).

Il existe aussi des versets de magnificat, prévus pour l’alternance avec le plain-chant lors des vêpres (Jehan TITELOUZE, 2ème Livre de Nicolas LEBEGUE, 4 suites de Jean-Adam GUILAIN, 1er et 2ème Livre de Michel CORRETTE).

Messes pour orgue :

Les principales messes pour orgue sont celles de :

Guillaume-Gabriel NIVERS (2ème livre – « Cunctipotens Genitor Deus »)

Gaspard CORRETTE (messe du 8ème ton, son unique oeuvre)

Nicolas LEBEGUE (messe du 2ème Livre – « Cunctipotens Genitor Deus »)

André RAISON (5 messes du 1er Livre)

François COUPERIN (messe pour les Couvents – supposée (?) alterner avec la messe du 6ème ton d’H.du Mont – et messe pour les Paroisses – « Cunctipotens Genitor Deus »)

Nicolas de GRIGNY (« Cunctipotens Genitor Deus »)

Suites ou versets pour orgue

L’on peut citer, en restant dans le répertoire antérieur à 1750 :

Guillaume-Gabriel NIVERS (cent Pièces dans tous les tons de l’Eglise du 1er Livre, pièces dans les 8 tons de l’Eglise du 3ème Livre)

Jacques BOYVIN (versets dans les 8 tons du 1er Livre, suites dans les 8 Tons du second Livre)

Nicolas LEBEGUE,(versets dans les 8 tons du 1er Livre ; le 3ème Livre comprend une brassée d’offertoires, d’élévations et de symphonies)

Nicolas GIGAULT (Livre d’orgue contenant « 180 pièces de tous les caractères (…) pour servir aux 8 tons de l’Eglise »)

Louis MARCHAND (Livres I à IV, le premier étant le plus abouti)

Pierre du MAGE (suite du 1er ton)

Gilles JULLIEN (pièces dans les 8 tons du Livre d’orgue)

Jean-François DANDRIEU (suites – offertoire, pièces d’orgue et versets de Magnificat – groupés par ton)

Louis-Nicolas CLERAMBAULT (suites du 1er et du 2ème ton)

Répertoire post-classique

Si l’on franchit le milieu du XVIIIème siècle, l’on doit citer :

– les pièces d’orgue de Jean-Jacques BEAUVARLET-CHARPENTIER (« Journal d’Orgue »)

– les pièces liturgiques d’Alexandre-Pierre-François BOËLY (Offertoires op.9, « morceaux qui pourront servir pendant l’office divin » op. 10 et 12)

A condition de respecter l’esprit, sinon la lettre, des registrations qu’induisent toutes ces pièces (selon l’instrument que l’on a sous les doigts), l’on peut en déterminer l’usage selon quelques constantes évidentes :

– Pleins-jeux : entrée (processionnal), éventuellement suivi d’une fugue (qui se joue sur les jeux d’anches) ;

– Grands-jeux, Dialogues, Symphonies… : sortie ;

– Récits en tailles (tierce ou cromorne), élévations, fonds d’orgue : pour une intervention à caractère méditatif (communion par exemple) ;

– Offertoires : l’on peut y tenter de les placer à cet endroit de la liturgie mais leur longueur et leur caractère très brillant en rendent l’usage délicat ; elles conviennent par contre parfaitement pour une sortie ;

– Toutes les autres pièces (duos, trios, basses de trompette / cromorne ou autres récits, concerts de flûtes, dialogues de voix humaine), plus légères, sont à placer ad libitum selon leur caractère ; ces pièces peuvent aussi permettre de prolonger une intervention chantée dans le même ton ;

Bien évidemment, ceux qui ont la chance de pouvoir mettre en oeuvre le répertoire des messes pour orgue tel qu’il était conçu (alternance avec le plain-chant)…c’est encore mieux!

La revue Préludes de l’ANFOL comporte un nombre important de pièces issues de ce répertoire.

(site internet de l’ANFOL : https://anfol.org/ )